Extraction de la cocaïne
Le processus permettant d'obtenir de la cocaïne est une hémisynthèse, il s'agit de l'extraction d'une molécule issue d'un produit naturel (=les feuilles de coca).
Pour extraire l'alcaloïde, la coca passe par différentes phases de transformation que nous allons détailler dans cet article.
Pour commencer, les feuilles de coca sont mises à sécher pendant plusieurs jours puis hachées avant que l'on procède à l'extraction. Elles sont ensuite déposées dans une fosse creusée à même le sol et tapissée de plastique épais (pozo) ou dans une cuve hors-sol. En général ce pozo est situé à proximité de l'exploitation productrice de coca et d'un cours d'eau permettant un apport d'eau fraiche constant, indispensable dans les premières phases de la transformation. De l'eau ainsi qu'un produit alcalin ( base faible/inorganique) tel que du carbonate de calcium ou de sodium sont ajoutés dans la fosse. Cela facilitera l'extraction par solvant. Dans le cas ou les feuilles seraient fraiches, l'eau n'est pas nécessaire. Une fois que ces dernières ont bien macéré, un solvant organique comme le benzène ou le kérosène est ajouté. Les feuilles subissent ensuite une phase de brassage de trois jours, pour cela la mixture est généralement piétinée longuement par les ouvriers agricoles. Le solvant permet d'extraire de la solution alcaline l'alcaloïde des feuilles, insoluble dans l'eau.
L'alcaloïde et le kérosène se séparent des feuilles et de l'eau en deux phases : une phase aqueuse, basique, (débris de feuilles, eau produit alcalin) et une phase organique ( alcaloïde ; kérosène). La facilité de l'extraction dépend grandement de la durée du contact feuilles/solvant et de la finesse avec laquelle elles ont été hachées (plus c'est fin, mieux c'est). Le solvant est alors séparé du mélange par pression ou drainage. Généralement la phase restante est majoritairement organique cependant il reste parfois des restes aqueux au fond. Les deux phases étant bien distinctes il est aisé de simplement évacuer la phase aqueuse en siphonnant le bas de la cuve.
Un volume très faible d'acide sulfurique dilué est ensuite ajouté à la phase organique, puis laissé à reposer après une agitation vigoureuse. Cela permet de changer la cocaïne base libre en sel de sulfate. Une base forte est ensuite ajoutée et neutralise l'acide sulfurique, la cocaïne reprend une forme de base libre. La solution précipite et prend une coloration jaune, tirant parfois sur le brun, on l'appelle agua rica ou guaporo. Ce précipité est filtré et séché. Le produit alors obtenu est de la pâte de coca, de couleur brune, appelée pasta ou bazooka. On estime qu'à ce stade la concentration en cocaïne est de l'orde de 30 à 80% , ce produit peut être fumé.
En termes de rendement, il est considéré que 110 kg de feuilles séchées doivent produire 1kg environs de pâte, au mieux.
Vient ensuite la seconde grande phase, la purification de la pâte de coca en cocaïne pure.
La pâte est dissoute à nouveau dans un petit volume d'acide sulfurique, il s'agit à nouveau d'agua rica. De l'eau et du permanganate de potassium sont ajoutés, ce dernier permet d'extraire les alcaloïdes résiduels (indésirables) de la pâte qui rendraient la cristallisation impossible. Après un temps de repos de 6 heures la solution est filtrée et on lui ajoute de l'hydroxyde d'ammonium qui engendre un autre précipité de cocaïne base, filtré puis séché.
L'étape finale, la plus technique et dangereuse, consiste à ajouter de l'éther ou de l'acétone puis à filtrer pour retirer les impuretés, ensuite c'est de l'acide chlorhydrique qui permet la cristallisation du chlorhydrate de cocaïne, une poudre blanche cristalline et floconneuse. Le produit est séché sous des lampes ou à l'aide de ventilateurs. Le rendement, dans l'idéal, devrait être de 450 grammes.