La coca dans l'histoire : une tradition
La consommation de coca est un élément traditionnel de la culture sud-américaine.
En effet les civilisations précolombiennes s’en servaient déjà il y a plus de 5000 ans et elle faisait l’objet d’une production agricole importante. Les mythes Incas racontent que la coca est un don du Dieu du Soleil, le Dieu Inti aux hommes, désireux d’apaiser leur soif, leur faim et de remédier à leur fatigue. C’est pourquoi en langage aymaras khoka signifie « l’arbre par excellence ».
De nombreuses découvertes archéologiques attestent de l’importance de la coca au sein des civilisations précolombiennes, par exemple des feuilles de coca datées de 2500 ans avant notre ère et une statuette figurant un homme en train de chiquer datant de 1500 ans avant notre ère. Les traces les plus pertinentes furent découvertes dans les tombes de Huanco Pietro au Nord du Pérou.
La coca était considérée par les Incas comme une plante de nature divine, et sa consommation était un privilège accordé aux personnes de haut rang, sauf dans le cadre des fêtes où elle était massivement distribuée à la population. Elle servait également aux rituels religieux, sociaux et était utilisée à des fins médicinales, comme anesthésiant local. Elle avait donc de nombreux usages.
On lui attribuait même des propriétés mystiques permettant aux Incas de communiquer avec les morts, créant ainsi un lien avec l’au-delà et les dieux. Ainsi, les chamans « Yatiri » l’utilisaient entre autres pour leurs prédictions. Des offrandes de feuilles de coca avaient lieu lors de catastrophes naturelles à des fins protectrices et pendant les sacrifices.
L’usage de la coca s’est répandu plus largement au temps de la conquête espagnole d’abord en 1507 avec Vespucci puis vers 1531-1533 avec l’arrivée au Pérou de Francisco Pizzaro. Elle fut malheureusement utilisée pour exploiter les peuplades locales. En effet, appréciée pour ses propriétés dopantes, les colons s’en servirent sur les travailleurs indiens pour améliorer leur productivité tout en allongeant leur temps de travail dans les mines.
Les feuilles de coca étaient même utilisées comme monnaie et salaire des travailleurs à la fin du seizième siècle. Cette utilisation massive encouragea, au milieu du quinzième siècle, le roi Philippe II d’Espagne à la déclarer indispensable au bien-être des Indiens, il s’agit en réalité d’un des outils principaux de la domination des conquistadores sur les peuplades du continent.
La coca suscita dans un premier temps une certaine indignation chez l’Eglise qui la considéra d'abord comme un obstacle à la christianisation des indigènes, c’est pourquoi le concile de Lima la désigna comme « satanique ». Le clergé décida par la suite de mettre en place un impôt sur le commerce des feuilles, très lucratif.
Le marché de la coca s’étendait alors sur le Nord du Pérou, la Bolivie, le Chili et le Nord de l’Argentine. Epicentre de ce commerce, la ville de Potosi, d’une taille comparables aux capitales européennes du XVI ème siècle, consommait un telle quantité de feuilles de coca que sa valeur annuelle était équivalente à celle de 450 kg d’or ( aux taux de l’époque).
En France, les premiers écrits relatant de la consommation de coca datent de 1750, au retour d’Amérique du botaniste Jussieu.
Le milieu du XIXème siècle marque en Europe la découverte en 1858 de son dérivé, la cocaïne (dont nous parlerons dans une série d’autres articles), substance extraite pour la première fois par Albert Nieuman et utilisée comme analgésique. La cocaïne devient une substance d’importance pour la médecine ainsi que la pharmacie, elle est à cette période légale.
Concernant la coca, la création, en Corse, du vin de coca Mariani,commercialisé en Europe et en Amérique des 1863, est une des première du genre. Parmis les adeptes du vin Mariani on peut citer la Reine Victoria, Emile Zola ou encore Thomas Edison. Même le Pape Leo VIII en vante les mérites.
Angelo Mariani ne s’arrête pas ici et met au point toute une gamme de produits dérivés de la coca incluant bonbons, pastilles, thé, onguents et pâte tonique. Ces produits remportent un franc succès et sont appréciés pour leurs qualités de coupes-fin, analgésiques et anti-dépresseurs. Le vin Mariani inspirera d’ailleurs le docteur Pemmberton, un chimiste américain, à concocter sa propre boisson dérivée de la coca, cette fois sans alcool ( remplacé par du sirop de sucre ), il s’agit du fameux Coca-Cola!
Plusieurs années plus tard, la découverte des dangers de la cocaïne va avoir des répercussions sur la coca elle-même, utilisée à tort comme bouc émissaire.Nous détaillerons cet aspect précis dans la partie « Histoire de la controverse » qui retrace l’évolution des interdictions et lois concernant la coca au fil du temps.